L’Esport en France et en Allemagne : Un Regard sur l’Avenir à travers le Rapport Esport 2030

Tom Poivret - Magali Dorado

12/13/20234 min read

INTRODUCTION

L’Esport en Allemagne a connu une croissance fulgurante ces dernières années, avec la création de nombreuses équipes prestigieuses, l’organisation de tournois renommés en ligne et hors ligne, et un potentiel de croissance remarquable pour le secteur associatif.

En France, le paysage esportif est également en évolution, mais comment se compare-t-il à la situation allemande ?

Courant août 2023, un groupe de professionnels allemands a publié un rapport au nom évocateur : « Vision de l’Esport en Allemagne en 2030 » (Anna Baumann, Dennis Bluhm, Max Brömel, Andy Franke, Dennis Gehlen, Prof. Dr. Christopher Grieben, Johannes Gorzel, Julia Hiltscher, Ph.D., Matthias Konen, Marius Loewe, Jana Möglich, Alexander Müller, Marco Niemann, Tobias Scholz, Franziska Seitz, Gian Luca Vitale).

Ce rapport « Esport 2030 » offre une perspective précieuse sur les enjeux actuels et futurs de l’Esport en Allemagne, et il est intéressant de l’analyser à la lumière du contexte français.

1. LA STRUCTURATION DU SECTEUR: ENJEU CENTRAL

Le rapport souligne l’importance de la structuration du secteur, provenant à la fois des acteurs de l’écosystème et des institutions politiques.

Les rédacteurs du rapports préconisent d’organiser cette structuration autour d’un projet commun incluant la sphère politique et en prenant en compte la dimension sociale, l’économique et scientifique.

En France, nous avons vu des progrès significatifs depuis 2016 date de création de France Esports. Nous avons observé une implication croissante des plus hautes sphères politiques, avec le soutien du Président Emmanuel Macron, du Ministère des sports, du Ministère de la Culture et du Ministère du Numérique, ainsi que le soutien de collectivités territoriales comme la Région Sud ou Grand Paris Sud.

Ainsi Emmanuel Macron s’est officiellement positionné comme un soutien du développement de l’Esport lors d’une réception officielle à l’Elysée réunissant les acteurs du secteurs en juin 2022.

En janvier 2023, les ministères des sports, de la culture et du numérique ont ouvert plusieurs groupes de travail sur le sujet et ont demandé à France Esports de travailler à des propositions concrètes.

2. MONETISATION ET DIVERSIFICATION DES SOURCES DE REVENUS

Le rapport allemand met en avant la nécessité pour l’Esport professionnel de trouver de nouvelles sources de monétisation avec la mise en place de stratégie de diversification des revenus.

L’Esport professionnel en Allemagne se caractérise par la présence d’organisations à succès au niveau national et international (G2 Esports, ESL etc…). Cependant, l’absence de droits médiatiques équivalents au sport traditionnel crée un besoin de nouvelles voies de monétisation. Le rapport avance la piste d’évènements innovants créant de l’émotion et préconise aussi de tirer parti des infrastructures existantes pour les événements hors ligne.

En France, les équipes explorent diverses pistes, telles que la création de lieux dédiés, la formation de talents, et même la création d’évènements dédiés au Fan. Dans les prochaines années, les discussions sérieuses avec les éditeurs seront cruciales pour exploiter pleinement ce potentiel et notamment sur le sujet de la répartition des droits médiatiques.

Mais la machine est en marche et les équipes professionnelles déploient déjà des stratégies innovantes. Notons les intitatives de Vitality (créations du V Hive ou encore le lancement d’un fan token – NFT), de Gameward avec la création du consept Gameward Academy ou encore Izidream et son concept de lieu Esport mobile la Izibox).

Enfin, un mot sur la stratégie de territorialisation mise en place par la Karmine Corp en collaboration avec Grand Paris Sud avec l’annonce du premier stade dédié à une équipe Esport en France.

3. LA STRUCTURATION DU SECTEUR AMATEUR : CONSOLIDER LES BASES

Les spécialistes allemands insistent sur la nécessité de structurer le secteur amateur et la reconnaissance d’intérêt public pour les associations Esportives. Les rédacteurs soulèvent notamment un effet pervers de cette non reconnaissance; le refus des clubs de sport d’intégrer des sections Esport de peu de perdre leur agrément d’utilité publique.

En France, la Ministre des Sports Madame Oudéa-Castera a clairement évoqué la structuration du secteur amateur comme étant une priorité. Cependant la travail reste immense et le sujet n’avance pas vraiment.

La reconnaissance d’intérêt public pour les associations Esports est encore un objectif lointain.

Note positive, de plus en plus d’associations Esports prennent le partie d’intégrer une partie orientée éducative et sensibilisation afin d’accompagner les jeunes dans leur pratique à tous les niveaux. L’Esport comme outil d’innovation sociale et de médiation numérique semble être un terrain privilégié pour permettre aux associations esportives de se faire une place dans le paysage de l’ESS.

Citons notamment l’association les orKs GP mais aussi l’association NECC ou Pur Esport.

4. UNE INSTANCE REPRESENTATIVE FORTE POUR AVANCER PKUS VITE ET PLUS LOIN

Enfin, le rapport allemand recommande la création d’une instance représentative forte pour l’Esport en Allemagne. L’ESBD en place actuellement ne semble pas être suffisamment active et souffre d’un certain immobilisme et d’un manque de communication.

En France, nous pouvons tirer le même constat avec France Esports. Malgré un engagement énorme des bénévoles et notamment des membres du Conseil d’Administration, la structure souffre d’un manque de moyens évidents. Le partie pris de France Esports d’intégrer les éditeurs en son sein rendant la chose encore plus complexe.

Il est nécessaire pour la France comme pour l’Allemagne de se doter d’une structure dotée des moyens à la hauteur des attentes des acteurs du secteur mais aussi des demandes des instances gouvernementales.

Il est à noter que France Esports effectue en ce moment même un travail de fond pour trouver un nouveau format qui permettrai à la structure de détenir plus de pouvoirs et prérogatives tout en protégeant les intérêts des éditeurs.

EN BREF

La France et l’Allemagne partagent de nombreuses similitudes en ce qui concerne les défis et les opportunités dans le secteur de l’Esport. La nécessité de structurer le secteur à tous les niveaux, de diversifier les revenus, de promouvoir le secteur amateur, et d’établir une instance représentative forte sont autant de priorités communes.

Le travail en commun paraît être une solution à explorer d’autant qu’il y a une volonté politique d’accompagner la structuration du secteur au niveau européen porté par Madame Laurence Fareng députée européenne.