Le rachat d'Activision-Blizzard par Microsoft : Un feuilleton juridique à rebondissements

La proposition de loi influenceur a été définitivement adoptée. Focus sur les principales dispositions et les changements.

Tom Poivret - Magali Dorado

8/12/20245 min read

INTRODUCTION

En janvier 2022, Microsoft annonçait le rachat d’Activision-Blizzard. L’annonce de cette acquisition pour près de 70 milliards de dollars a créé un véritable tremblement de terre dans l’industrie du gaming. Les géants de la tech, tels que les GAFAM et BAXT, continuent de renforcer leur emprise sur ce secteur en plein essor, suscitant des réactions parmi les acteurs traditionnels du jeu vidéo.

1. CONSOLIDATION DU SECTEUR DU JEU VIDÉO

Face à l’assaut des géants de la tech, les acteurs historiques du jeu vidéo n’ont pas tardé à réagir en lançant eux aussi des opérations d’acquisition de studios de développement. Sony, Nintendo et TakeTwo ont respectivement acquis Bungie, Next Level Games et Zynga. Même Netflix, leader de la VOD, s’est engagé dans cette dynamique en rachetant Night School Studio, Next Games et Boss Fight Entertainment.

Ces fusions-acquisitions pourraient venir renforcer le secteur du jeu vidéo et démontrent qu’une période de (re)construction est en cours. Les entreprises cherchent à se doter d’expertises complémentaires pour s’adapter aux prochaines évolutions de l’industrie, notamment la transition vers le metavers.

2. LA QUÊTE AUX APPROBATIONS

L’acquisition d’Activision-Blizzard par Microsoft, d’un montant colossal, a été confrontée à un processus complexe d’approbation par les autorités de la concurrence à travers le monde. L’approbation des autorités de la concurrence est essentielle pour éviter toute situation de monopole ou d’abus de position dominante qui pourrait nuire à la concurrence et aux consommateurs.

Toutefois, chaque pays dispose de ses propres lois et régulations en matière de concurrence, ce qui a conduit à des approches et préoccupations différentes concernant cette acquisition d’envergure. Dans chaque pays, les régulateurs évaluent minutieusement les effets potentiels de l’acquisition sur la concurrence et les consommateurs, en prenant en compte des facteurs tels que la part de marché des entreprises, les synergies potentielles, les effets sur les prix et l’innovation, ainsi que les intérêts du consommateur. Ces analyses approfondies permettent aux autorités de la concurrence de prendre des décisions éclairées et d’imposer des conditions, si nécessaire, pour préserver un environnement concurrentiel sain.

À la suite de l’annonce du rachat, de nombreux pays ont donné leur accord à l’opération tels que l’Arabie saoudite, le Brésil et le Japon. Bien que cela ait été très encourageant pour l’avenir de cette acquisition, il restait à convaincre les autorités les plus influentes à savoir celles du Royaume-Uni et de l’Europe.

3. OBSTACLES RÉGLEMENTAIRES ET CLOUD GAMING

Malgré l’accord de nombreux pays, l’acquisition d’Activision-Blizzard par Microsoft ne s’est pas faite sans heurts. La Competition and Markets Authority (CMA), autorité de régulation britannique, s’est opposée au rachat, craignant une réduction de l’innovation et du choix pour les joueurs, en particulier dans le secteur en pleine croissance du cloud gaming.

Le cloud gaming, ou jeu à la demande, est une technologie révolutionnaire qui permet aux joueurs d’accéder à des jeux en streaming depuis des serveurs distants, éliminant ainsi le besoin d’acheter des copies physiques. Microsoft a déjà investi massivement dans ce domaine avec son service Gamepass, offrant aux abonnés un large éventail de jeux accessibles depuis divers appareils.

La CMA s’inquiète du fait que cette acquisition renforcerait davantage la position déjà dominante de Microsoft dans le domaine du cloud gaming, réduisant ainsi la concurrence et les alternatives pour les joueurs. Microsoft, de son côté, a réfuté ces inquiétudes en soulignant que le rachat favoriserait l’innovation technologique et stimulerait l’investissement au Royaume-Uni.

Microsoft et Activision ont rapidement pris la parole à la suite de cette décision pour annoncer leur intention de faire appel.

4. REGAIN D'ESPOIR : FEU VERT DE LA COMMISSION EUROPÉENNE

Par la suite, après une période d’évaluation approfondie, la Commission européenne a donné son approbation à l’acquisition d’Activision-Blizzard par Microsoft. Pour obtenir cette approbation, Microsoft a dû présenter des engagements visant à garantir la concurrence sur le marché des jeux dématérialisés accessibles en streaming. Ces engagements sont destinés à répondre aux préoccupations liées à d’éventuels effets anticoncurrentiels résultant de cette acquisition.

La Commission européenne, en tant qu’autorité de régulation chargée de veiller à la concurrence au sein de l’Union européenne, estime que ces mesures proposées par Microsoft permettront de préserver un environnement concurrentiel sain, tout en offrant aux joueurs une variété d’options pour accéder à des jeux dématérialisés par le biais du streaming. L’approbation de la Commission européenne est un pas majeur pour Microsoft, car cela confère à l’entreprise une position solide pour contester la décision de la CMA devant le Tribunal d’appel de la concurrence au Royaume-Uni.

5. VERS UN DÉNOUEMENT IMMINENT ?

Alors que le 18 juillet signait la date limite pour finaliser le rachat, Microsoft et Activision-Blizzard font face à des enjeux cruciaux. Malgré les risques financiers associés à un éventuel retard, les deux entreprises ont pris la décision d’allonger le délai d’acquisition. Microsoft a déjà remporté une victoire importante avec le rejet de la tentative de blocage du rachat par la FTC américaine, grâce à ses engagements, notamment celui de maintenir le titre phare d’Activision, Call of Duty, sur la console PlayStation pendant 10 ans.

Toutefois, l’autorisation finale de la CMA britannique reste cruciale pour que l’accord soit définitivement conclu. Bien que Microsoft puisse contester la décision de la CMA devant le Tribunal d’appel de la concurrence, l’issue de ce processus reste incertaine. Le dénouement de cette acquisition stratégique suscite donc une attention particulière, non seulement dans l’industrie du gaming, mais également auprès des acteurs financiers et des consommateurs du monde entier. L’avenir du jeu vidéo pourrait être redessiné par cette transaction majeure, et il ne reste plus qu’à attendre la décision finale de la CMA pour savoir si Microsoft réussira à mener à bien cette opération ambitieuse.

EN BREF

En janvier 2022, Microsoft annonçait le rachat d’Activision-Blizzard pour environ 68.7 milliards de dollars. Cette opération majeure nécessite d’être autorisée par les autorités de la concurrence des grandes économies du monde entier.

Alors que de nombreux pays ont donné leur accord, la Competition and Markets Authority (CMA) au Royaume-Uni s’est opposée au rachat en raison de préoccupations concernant la concurrence dans le domaine du cloud gaming.

Malgré ces défis, la Commission européenne a finalement donné son feu vert à l’acquisition et les juges américains se sont opposés au blocage de l’opération par l’autorité de la concurrence américaine. Reste à savoir si ces nouvelles décisions permettront de faire changer d’avis la CMA britannique.